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INTIMITÉ PUBLIQUE

SOPHIA HIRSCH +
JOHANNES MUNDINGER

13 OCT 2022 – 5 MAR 2023
5220 BOUL. SAINT-LAURENT
ENTRÉE GRATUITE

Où se situe la frontière entre le public et le privé? Consciemment ou non, nous jonglons constamment avec cette question lorsque nous évoluons chaque jour à travers la société. Selon l’heure, le lieu et l’environnement, les définitions collectives et individuelles du privé et du public bougent constamment. Intimité publique nous invite à réfléchir à ces définitions changeantes et leurs déplacements subtils.

Les œuvres qui composent cette exposition proviennent toutes d’un espace domestique authentique. Les rideaux usagés ont été recueillis dans des foyers de toute l’Allemagne, comme ceux des photographies accrochées dans l’exposition. Les tissus et les façades photographiées illustrent des structures domestiques utilisées pour diviser les espaces publics et privés. Le rideau, concrètement et symboliquement, souligne les fines divisions et le changement de cadre lorsque l’espace privé se révèle publiquement. Si le rideau offre un refuge contre le monde extérieur, il peut aussi nous dissimuler ou nous couper de ce qui se passe sous nos yeux.

Sophia Hirsch et Johannes Mundinger ont créé ces œuvres à partir d’objets tirés d’espaces domestiques de Berlin, Offenburg et d’autres villes allemandes, qui témoignent d’un contexte géographique portant encore une histoire de violence civile et étatique, celle de l’Holocauste, mais aussi celle de la résurgence actuelle de l’antisémitisme et de la xénophobie véhiculée par les mouvements néonazis et d’extrême droite. Par ailleurs, nos sociétés toujours plus connectées, et dans le sillage d’une pandémie mondiale en plus, ont suscité de nouveaux espaces, mais aussi des considérations inédites sur nos comportements et notre discours en ligne et dans la vraie vie. Où et quand pouvons-nous tirer les rideaux? Que masquent-ils maintenant?

En portant leurs regards sur la réalité de leur propre société, le travail des artistes nous invite à considérer de même nos propres « rideaux », le tracé de leurs contextes.

Mot de la commissaire par Alyssa Stokvis-Hauer

Crédit photo : Johannes Mundinger

ARTISTES
Sophia Hirsch & Johannes Mundinger

DIRECTRICE ARTISTIQUE
Alyssa Stokvis-Hauer

INFOGRAPHIE
Austin Henderson

ÉQUIPE D’EXPOSITION
Pippa Bartlett, Austin Henderson,
Anya Kowalchuk, Alyssa Stokvis-Hauer

TRADUCTION
Benoit Pelletier

CONSTRUCTEUR
ShopDogs MTL

IMPRIMEUR
MFBB Lettrage

BIOS DES ARTISTES

Sophia Hirsch et Johannes Mundinger collaborent régulièrement à des murales, des installations et des expositions.

Sophia Hirsch est née en 1987. Elle réside à Berlin. Elle est diplômée de l’Académie des arts de Weißensee, de Berlin, et l’Université des arts et du design, de Halle. Elle a également étudié à l’Académie des arts Bezalel, à Jérusalem.

Johannes Mundinger est né en 1982 à Offenburg, en Allemagne. Il réside à Berlin. Il est diplômé de l’École de design de Münster, qui lui ont permis de faire des séjours d’études, notamment, à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles.

Sophia et Johannes ont collaboré avec des institutions, comme le Musée Kunsthalle Wilhelmshaven (2017), le Musée juif de Cracovie (2014) et le Musée Yeoju, en Corée du Sud (2020), entre autres.

En 2013, la Berliner Kunstverein leur a remis son prix du jury pour leur installation Kritische Masse. Ils ont profité ensemble de résidences d’artiste aux studios d’artistes Art Cube, à Jérusalem (2017), aux Yeobaek Seowon, Gyenggi-Do, Corée du Sud (2019) et au Begehungen Chemnitz (2021).

Sophie et Johannes ont peint des murales pour de nombreuses institutions et villes, la plupart en Europe, mais aussi au Mexique, en Corée du Sud et en Israël.

Crédit photo : Johannes Mundinger

MOT DES ARTISTES

Les rideaux servent souvent à séparer l’intérieur de l’extérieur, la sphère privée de la sphère publique. Ils agissent comme les paupières d’un appartement, pour en protéger l’intimité. Par ailleurs, ils permettent de fuir le regard des autres, d’échapper un moment au contrôle de la société.

En revanche, en allemand, l’expression « die Vorhänge zuziehen », équivalente à « tirer les rideaux », est souvent utilisée pour désigner les personnes qui choisissent de détourner le regard, de ne pas s’engager dans les événements actuels. Nous souhaitons explorer l’écart entre les possibles libertés individuelles et l’ignorance des réalités sociales plus larges.

Cette figure silencieuse, spectatrice très (in)active de sa vie personnelle ou des événements historiques, est le déclencheur de ce projet. Cette figure derrière le rideau qui ne fait pas grand-chose d’autre que de regarder les événements se déployer devant elle, cachée, à l’insu des autres, mais qui influence pourtant grandement le cours de l’histoire.

Les rideaux proviennent de différentes origines : des morceaux donnés, trouvés dans des bâtiments abandonnés, achetés d’occasion, de tissus et motifs divers, mais chacun fut choisi par quelqu’un comme l’objet parfait.

Les personnes qui visitent l’installation sont invitées à y circuler pour mieux explorer l’espace physique qu’elle propose. On peut aller d’un rideau à l’autre, mais en acceptant le risque de se retrouver face à face à quelqu’un d’autre. On peut choisir de demeurer à part, mais aussi de s’y regrouper, d’y tracer un parcours personnel ou d’y créer de nouveaux espaces.

– Sophia Hirsch et Johannes Mundinger